« Portée à ce niveau de qualité technique et d’émotion,
la création numérique, parce qu’elle est désormais
en mesure de “rendre universellement communicable
ce qui est indicible”, est bien de l’art au sens kantien,
et sera demain l’art le plus contemporain
grâce à des créateurs comme Hugo Arcier. »

Jean-Luc Chalumeau, critique et historien de l’art.

DÉMARCHE

Depuis le début de sa pratique artistique dans les années 2000, Hugo Arcier explore les images de synthèse et les mondes virtuels pour interroger leur nature et notre perception. Son travail se situe à l’intersection entre technologie, observation poétique et réflexion sur le réel. Chaque projet constitue un dispositif de lecture, permettant au spectateur de comprendre des univers numériques souvent méconnus, tout en mettant en lumière leur construction et leurs spécificités.

Ghost City (2016) marque un tournant dans son évolution artistique. L’œuvre introduit la notion de surface comme objet de réflexion. Par un procédé de découpe numérique, les surfaces des objets – montagnes, immeubles, rochers – deviennent visibles, révélant leur nature creuse et illusoire. Cette approche met en évidence la particularité des mondes virtuels : tout y est constitué de surfaces qui créent l’illusion du volume, comme un décor de théâtre dont l’artifice se révèle par un simple changement de point de vue. En rendant ces surfaces visibles, Arcier transforme les éléments constitutifs du monde numérique en matière même du regard, invitant à une lecture attentive et critique de l’image virtuelle.

Cette exploration des surfaces se poursuit avec De Rerum Natura (2019), qui applique le même principe à un univers végétal. L’œuvre devient une métaphore de la disparition des écosystèmes et des menaces environnementales. Le titre, emprunté au poème de Lucrèce, souligne que ce que l’on perçoit n’est souvent qu’une enveloppe derrière laquelle se jouent des processus invisibles. La vidéo crée un espace poétique et analytique, où la contemplation se double d’une prise de conscience écologique.

Le projet Limbus approfondit cette réflexion en explorant des espaces inexplorés situés sous le niveau d’un jeu vidéo. Ces limbes, zones fantômes où rien ne se manifeste selon les règles du monde visible, deviennent des paysages contemplatifs et des architectures de la disparition. L’œuvre invite le spectateur à se confronter à l’absence et à percevoir des espaces qui existent sans présence humaine, questionnant le rapport au plein et au vide, au visible et à l’invisible. L’expérience révèle la richesse de l’invisible et la capacité des mondes numériques à générer des sensations inédites.

Yuri’s Metamorphosis illustre cette démarche dans une installation vidéo plus récente, où les paysages et la végétation se transforment subtilement. L’œuvre crée un rythme visuel enveloppant qui invite le spectateur à observer les changements au fil du temps, en réfléchissant à la fragilité, à la résilience et au déroulement poétique des processus naturels. Elle témoigne de l’intérêt continu d’Arcier pour l’intersection des phénomènes écologiques et de la représentation numérique, mêlant rigueur conceptuelle et expérience immersive.

Dans l’ensemble de sa pratique, Arcier s’intéresse à la fragilité, à la transformation et à la disparition, qu’il s’agisse de surfaces numériques, d’écosystèmes végétaux, d’espaces virtuels inexplorés ou de paysages en mutation. Ces thèmes structurent une œuvre qui conjugue rigueur conceptuelle et poésie, utilisant les technologies numériques pour révéler des phénomènes invisibles ou méconnus et inviter à un regard attentif sur le monde.

Les projets immersifs de l’artiste, qu’ils soient interactifs ou contemplatifs, montrent que la technologie n’est pas simplement un outil de production visuelle, mais un dispositif capable de transformer la perception. Elle permet d’étendre le temps de l’expérience, de dilater l’espace et d’introduire le spectateur dans des environnements en mutation où le visible et l’invisible se côtoient. Ces dispositifs créent des situations où contemplation et réflexion s’entremêlent, invitant à percevoir la nature et les espaces virtuels avec une attention renouvelée.

La tension entre présence et absence, entre visible et invisible, constitue un fil conducteur de l’œuvre. Qu’il s’agisse des surfaces creuses de Ghost City, des végétations découpées de De Rerum Natura, des limbes inexplorés de Limbus ou des paysages en transformation de Yuri, chaque projet rend perceptible ce qui échappe habituellement au regard. L’absence et le vide deviennent des matériaux sensibles, transformant la manière dont le spectateur appréhende le monde.

Le travail de l’artiste s’inscrit également dans un dialogue continu avec la pensée philosophique et scientifique. La notion de surface, le questionnement sur la matérialité et la disparition, et l’attention portée à la transformation des écosystèmes et des paysages virtuels contribuent à des expériences à la fois poétiques et analytiques. Les œuvres invitent à réfléchir sur le rapport entre réalité et virtualité, à percevoir la fragilité des environnements naturels et à interroger notre manière d’habiter les espaces numériques et réels.

En résumé, l’œuvre d’Hugo Arcier articule quatre axes principaux : la déconstruction des images de synthèse et la matérialité des surfaces numériques, l’exploration poétique et écologique des écosystèmes, l’immersion dans des espaces inexplorés ou contemplatifs, et la réflexion sur le temps, la disparition et la transformation. Chaque projet crée des conditions d’observation uniques, où le spectateur est invité à ralentir, percevoir, contempler et réfléchir sur le monde qui l’entoure, qu’il soit naturel ou numérique.

 

BIOGRAPHIE

Hugo Arcier est un artiste numérique français (en fait un artiste dans un monde numérique) qui utilise les images de synthèse 3D sous différentes formes : installation vidéo, tirages, sculptures.

 

Se consacrant d’abord aux effets visuels de longs métrages, il travaille sur de nombreux projets, pour des réalisateurs comme Roman Polanski, Alain Resnais, ou encore Jean-Pierre Jeunet.

Cette activité professionnelle lui permet d’acquérir une connaissance pointue de l’outil numérique, et des images de synthèse en particulier, nécessaire à l’émergence de ses projets.

Il élabore à partir de 2004 des œuvres plastiques et réflectives qui décortiquent méticuleusement les spécificités des images de synthèse 3D et des mondes virtuels, s’inscrivant dans une nouvelle forme d’art.

Son travail artistique a été présenté dans de nombreux festivals (Némo, Elektra…), dans des expositions collectives dans des galeries et lieux institutionnels (Le 104, New Museum, Palais de Tokyo, New Media Art Center of Sichuan Fine Arts Institute, galerie Magda Danysz, galerie Plateforme…), ainsi que dans des foires d’art contemporain (Slick, Show Off).

Son travail a fait l’objet de deux expositions monographiques en France :
« Nostalgie du réel », en 2013 au Cube, et « Fantômes numériques », en 2016 à Lux Valence.

Il est nommé Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2016.


Il est le fondateur et directeur créatif du studio N°130
Il est membre actif de l’artist-run space Plateforme Paris.
Droit d’auteur géré par l’ADAGP.

BOOK 2017 à télécharger

INTERVIEW

Opéra de Paris, a propos de Clinamen
Travelogue (exposition)
Game / Video Art. A survey (exposition et livre)
« Nostalgie du réel » (exposition personnelle)
« Philosophie – La culture » (Documentaire)
Paper-thin (exposition virtuelle)

EXPOSITIONS

2024
« Fractured realities :memory and the digital Frontier » Bucheon Art Center (Séoul, Corée)
« Réalités Alternatives » – Théâtre Jean Lurçat (Aubusson, France)
2023
« inLAND » Novembre numérique (Casablanca, Maroc)
« inLAND », Muse en Circuit (Alfortville, France)
2022
« Eden » Le Montfort (Paris, France)
2021
« Eden » Les Gémeaux, Scène nationale (Sceaux, France)
« Eden » Benno Besson (Yverdon-les-bains, Suisse)
« Eden » Espace des Arts (Chalon-sur-Saone, France)
« Eden » Theatre Vidy (Lausanne, Suisse)
2020
« Eden » Le cube (Issy-les-Moulineaux, France)
2019
« inLAND » Biennale Némo, Le 104 (Paris, France)
« Jusqu’ici tout va bien? Archéologies d’un monde numérique » Biennale Némo, Le 104 (Paris, France)
« Eden », Bonlieu, Scène nationale (Annecy, France)
« ubik », Pavillon Blanc (Colomiers, France)
2018
« Navier-Stokes ou la beauté des crêtes », Nuit blanche 2018 (Paris, France)
2017
« Le suaire de Turing », Biennale Siana (Évry, France)
2016
Beirut Biennale for the image (Beyrouth, Liban)
« Travelogue », Mantoue (Italie)
« Arte es digital, digital es arte » Vostell Museum, Caceres (Espagne)
« Fantômes numériques », exposition personnelle à Lux – Scène Nationale (Valence, France)
« Paper-thin », virtual museum
2015
« The fate of image », Sichuan Fine Arts Institute (Chongqing, Chine)
« Lumières – Fréquences – Essences » (Evry, France)
« Cutting Edge Animation » (São Paulo, Brésil)
« Adrenalina » (São Paulo, Brésil)
2014
« AV@AR 3.0 L’art des nouveaux médias Français » (Pékin, Chine)
« Lumières, Fréquences, Essences » (Chengdu, Chine)
« Display » (Wuhan, China)
« Territoires Incertains », Plateforme (Paris, France)
« Imaginaire : Esthètique du virtuel et perception de la réalité », exposition de groupe, PrimoPiano
LivinGallery, (Lecce, Italie)
2013
Show Off Art Fair (Paris, France)
« Little Big Crunch », exposition de groupe, galerie Plateforme (Paris, France)
ON/Gallery (Pékin, China)
Lille Art Fair (Lille, France)
« Nostalgie du réel » exposition personnelle au CUBE (Issy-Les-Moulineaux, France)
2012
« Noreover », Plateforme (Paris, France)
2011
Louis V E.S.P. gallery (Brooklyn NY, USA)
2010
« Little Big Bang », Plateforme (Paris, France)
Parcours d’art Carne (Paris, France)
2009
Videobox (France – Belgique)
2008
Okayama Art Center (Japan)
Celal Gallery (Paris, France)
2007
ADN Gallery (Barcelone, Spain)
« Sous influence », Magda Danysz Gallery (Paris, France)
2006
Slick Art Fair(Paris, France)
Show Off Art Fair(Paris, France)
Cube Art Center(Issy-les-Moulineaux, France)
Video’appart (Paris, France)
2004
Artcore Gallery (Paris, France)

 

FESTIVALS ET DIFFUSIONS

2025
« Limbus IV » at Videoformes
2024
VRAL « Limbus IV »
2023
« inLAND » MUTEK MX ED19 (Mexico, Mexique)
« Ghost City », VRAL (Milan, Italie)
2022
« inLAND » Sonica Festival (Glasgow, Ecosse)
2021
« inLAND » Festival Bruit Blanc (Montpellier, France)
Paris l’été (Paris, France)
San Francisco Dance film Festival (San Francisco, USA)
Coté court (Pantin, France)
2020
Interfilm Festival (Germany)
Festival International du film sur l’Art (Québec, Canada)
Séquence Danse, le 104 (Paris, France)
2019
GIFF (Genève, Suisse)
Over the real (Viaggio, Italie)
Now & After (Moscou, Russie)
2018
Videobardo (Buenos Aire, Argentine)
2017
Videoformes (Clermont-Ferrand, France)
2015
Polytechnic Museum (Moscou, Russie)
VIS (Vienne, Autriche)
Videoformes (Clermont-Ferrand, France)
2014
Multiplicidades (Rio, Brésil)
ShortVisions 1. International Short Film Festival (Ningbo, Chine)
B.I.M. Biennale de l’image en mouvement (Buenos Aires, Argentine)
Austrian Film Museum, « Penetrating surfaces » curated by Robert Seidel. (Vienne, Autriche)
Videoformes (Clermont-Ferrand, France)
2013
Seoul International NewMedia Festival (Seoul, Corée)
Ars Electronica, (Linz, Autriche)
Anima Mundi (Rio de Janeiro and São Paulo, Brazil)
Videoakt International Videoart Biennial (Barcelone, Espagne)
Elektra (Montréal, Québec)
2012
New Museum (New York, USA)
Videoformes (video and new media in contemporary art) (Clermont-Ferrand, France)
2011
Atopic Festival (Paris, France)
Above Ground Animation (Los Angeles, USA)
Toronto Urban Film Festival (Toronton, Canada)
2010
Video Art & Experimental Film Festival (New York, USA)
2009
Yo Veo Experimental Cinema (New York, USA)
2008
Paris Tout court (Paris, France)
2006
International Short Film Festival Leuven (Leuven, Belgique)
VAIA, V Mostra Internationale d’Art Vidéo d’Alcoi (Valencia, Spain)
Bitfilms festival (Germany)
Festival du nouveau cinéma de Montréal (Québec, Canada)
Sao Paulo International Short Film Festival (Sao Paulo, Brazil)
InVideo (Milano, Italia)
Darlight festival (Ireland)
Festival Némo (Paris, France)
2005
Backup festival (new media in film) (Germany)
Festival Manifesto (Toulouse, France)
Videoformes (video and new media in contemporary art) (Clermont-Ferrand, France)

 

EDITIONS / DIFFUSIONS

12 de mes films diffusés sur la chaine TNT numéro 23
Mon film « Les 5 siamoises » édité dans la collection dvd « Talents »
5 de mes films diffusés sur la chaine Souvenir From Earth

 

TRAVAUX COMMERCIAUX

Effet visuel long métrage
Carnage, Roman Polanski
Vous n’avez encore rien vu, Alain Resnais
The Ghost Writer, Roman Polanski
Astérix aux Jeux olympiques, Frédéric Forestier, Thomas Langmann
L’Auberge rouge, Gérard Krawczyk
The Last Legion, Doug Lefler
Angel, François Ozon
Taxi 4, Gérard Krawczyk
Hannibal Rising, Peter Webber
The Fall, Tarsem Singh
Jean-Philippe, Laurent Tuel
Renaissance, Christian Volckman
L’Avion, Cédric Khan
Live and become, Radu Mihaileanu
Un long dimanche de fiançailles, Jean-Pierre Jeunet
Human Nature, Michel gondry

Print
Kanye West G.O.O.D. Music cover
Nespresso
Playstation
Campari

Publicité
Shiseido
Paco Rabanne
Lancaster
Coca-cola
Renault
Peugeot
LU
VISA

Habillage Télé
MTV dance (ident)
Le Petit Journal, Canal +
M6 (ident)
Virgin 17 (ident)
Star channel (ident)
Star India (ident)



Autoportrait 3D. 2011. Image 3D.


Autoportrait avec sphères. 2008. Photo et image 3D au format 20 cm x 30 cm.


Autoportrait avec sphères. 2008. Photo et image 3D au format 20 cm x 30 cm.