« Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir. »
Rimbaud.
Cette série est composée de quatre images représentant une femme dans très exactement la même position, et d’une plaque réfléchissante symbolisant de l’eau.
Deux interprétations sont possible en voyant cette série.
On ne peut s’empêcher d’avoir une vision sentimentale de la scène, de voir une femme en souffrance, figée par l’effroi.
Ses yeux sont tournés vers le ciel, comme si elle implorait une divinité salvatrice. Le niveau de l’eau monte inexorablement, rien ne peut l’arrêter. La série évoque les quelques instants avant sa mort par noyade et rompt ainsi avec la grande tradition picturale de la représentation des noyés qui remonte à l’Antiquité jusqu’à des périodes plus contemporaines et qui montre le corps horizontalement, flottant à la surface de l’eau, après la noyade. Il s’agit ici de faire sentir l’état de tension précédant la mort plutôt que la conséquence de celle-ci.
L’autre interprétation est mathématique et liée à la 3D.
L’important dans ces images est l’axe de translation de la plaque, visible à gauche de chaque image. Cet élément vend la mèche et détruit l’illusion. Nous sommes face à une image virtuelle, juste des points dans l’espace et des calculs mathématiques. D’une image à l’autre, le seul changement est la position sur l’axe Y d’une plaque, le titre en indique à chaque fois la valeur en Y.
La série est un jeu sur la projection mentale que l’on fait naturellement sur les images. Le simple changement de position d’une plaque suffit à exprimer le temps et à créer une narration et des émotions.
Etonnant.