NATURE PLIEE

Nature pliée. 2013.
Un film de Hugo Arcier

« Propulsé dans le flot du flou, on absorbe un mouvement embué de lenteur. Sensation contraignante d’une manœuvre imposée, qu’on ne guide pas mais qui est la nôtre. L’environnement, lui, est figé. A moins que, immobilisé par l’absence de conscience, on subisse le mouvement d’une gigantesque hallucination devenue floue à force de la fixer.

Dans l’incertitude, on reconnaît la nature. Bien sûr, le blanc d’un ciel clair, la silhouette d’un feuillage, la texture d’un tronc. Il n’y a plus qu’à confirmer ; mais, à tâtons, on flotte toujours, et on ne saisit rien.

Les notes fatiguées s’égrènent, crissent, luttent dans le vrombissement ambiant.
Impossible d’enrayer la continuité, de suspendre l’image, de pousser la mélodie qui peine ou d’atténuer le bourdonnement.
La netteté est fugitive, à laquelle on se heurte rarement. Elle froisse l’expectation du flou, révélant une nature de papier crépon.

L’hallucination est en fait un décor de souvenirs, où se mêlent les couleurs d’une nature bien vivante et les plis d’une nature de livre animé, comme déployée en volume entre deux pages.

Face à la difficulté de rassembler les bribes, on succombe au vague à l’âme contemplatif de cette nature usurpée. »
Texte de Sarah Zhiri.
 
 

Exposition / projection :
Austrian Film Museum, « Penetrating surfaces » curated by Robert Seidel 2014.

Ils en parlent :
CGWTF