SURFACE MOUVEMENT – SURFACE LUMIERE


Surface mouvement – surface lumière. 2013.
Un film de Hugo Arcier
Musique originale de Thomas Mercier
Production Studio Hugo Arcier

Images fixes de Surface mouvement – surface lumière.
 

Ce film est un hommage à l’artiste et réalisateur Len Lye sous la forme d’une confrontation amicale entre l’analogique et le numérique. Len Lye utilise dans la majeure partie de ses films une technique très particulière : le grattage sur pellicule. Non seulement son support est analogique (la pellicule), mais aussi son travail est totalement manuel, avec un outil réduit à son strict minimum. Cela peut sembler à l’opposé du monde très technique des images de synthèse. Pourtant il m’a paru judicieux de réunir ces deux univers et de marquer l’influence qu’ont pu avoir les films de Len Lye sur mon travail, et, de façon plus générale, de montrer que les images de synthèse ne s’inscrivent pas en rupture, mais bien dans la continuité de mouvements artistiques qui les ont précédées.
Même si l’idée est séduisante, le numérique n’a jamais été pour moi une révolution, dans le sens d’un changement complet de paradigme ; je le considère plutôt comme une évolution permettant d’optimiser, d’améliorer ou simplement de transformer l’existant.

La musique originale créée pour Surface mouvement – surface lumière par le compositeur Thomas Mercier a été pensée dans cette même logique de matière analogique transmutée par le numérique. Comme dans les films de Len Lye, cette bande sonore multiplie les événements synchrones avec l’image pour que l’ensemble devienne un bloc indissociable.

Au-delà de l’hommage à Len Lye, le film, par ses violentes variations de luminosité, se rapproche aussi des flicker films, constitués d’une succession hypnotique d’images (généralement blanches et noires). Un genre expérimental, lui aussi étroitement lié à la pellicule, puisque dans sa forme primitive il s’agit de l’enregistrement de la lumière par la caméra sur le Celluloïd et ensuite de la projection de cette même lumière sur l’écran. Parmi ses premiers représentants, on peut citer : Arnulf Rainer (1958-1960) de Peter Kubelka, The Flicker (1966) de Tony Conrad ou encore Ray Gun Virus (1966) de Paul Sharits.

Len Lye aimait la figure de boucle et le titre de son premier film, Tusalava, signifie en langue samoane « tout recommence ». Pour créer Surface mouvement – surface lumière, je pars donc de cette matière analogique géniale, extraite de deux de ses films – Swinging the Lambeth Walk (1939) et Tal Farlow (1960 ; 1980) –, et lui donne une nouvelle vie à l’heure du numérique et des images de synthèse.
Je fais de cette matière une surface lumineuse qui se déforme comme si elle voulait sortir, exploser son support. Elle éclaire le décor numérique, surfaces mouvantes en images de synthèse.
Sans elle, le noir.
La matière numérique est dans ce film un réceptacle et n’existe que grâce aux créations de Len Lye ; mais aussi, comme dans un tableau de Soulages, elle forme, transforme et émet à son tour.

Hugo Arcier

Projection at Videoformes 2014 (Clermont-Ferrand, France)
 
 
Diffusion :
Videoformes Festival (Clermont-Ferrand, France) 2014

Ils en parlent :
POSTmatter



Art, Video, 2013